Falaises se jetant dans une mer au bleu envoûtant, on découvre la plus grande des îles grecques en la traversant de la mer aux montagnes, comme les Crétois!
Terre foulée par les Minoens 3000 avant J-C, la Crète fut le berceau de l’une des premières civilisations européennes. À peine arrivés, notre guide nous plonge dans l’histoire de cette île au passé légendaire alors que nous savourons des dakos, ces biscottes d’orge garnies de tomates et d’origan, l’aromate inconditionnel crétois, à la terrasse d’une taverne typique de Chaniá (La Canée en français). Nous sommes au coeur des Montagnes Blanches (Lefká Óri) dans la partie ouest de l’île dont le lot de sommets et de gorges, en fait la région la plus fréquentée pour les treks. Dire que pour les 10 prochains jours, nous allons marcher dans des sentiers millénaires empruntés par les Minoens, Romains, Byzantins, Vénitiens, Turcs, ces peuples qui ont occupé l’île avant son rattachement à la Grèce en 1913!
Et c’est parti pour les paysages grandioses! Cap sur le port de Sfakia sur la mer de Lybie qui dessert en bateau les villages du littoral. C’est parti pour une première balade de 4 heures sur le sentier côtier entre les bosquets d’estragon et de thym. Les Oh! Wow! Ah! scandent nos pas, tant la beauté du paysage nous ébahi. Une baignade à la plage édénique de Sweet Water et on atteint notre auberge dans la baie de Finikas. Nos hôtes nous accueillent avec des spécialités crétoises et le traditionnel verre de stadiki (le raki crétois) qui panachera toutes nos fins de journée. Yamas! (santé!) Le ton est donné pour les 9 prochains jours : paysages époustouflants, accueil chaleureux, plages de galets cuisant au soleil et une gastronomie fabuleuse. La Crète, c’est ça!
La deuxième randonnée se fera en boucle sur le plateau d’Anapoli. En moins d’une heure de grimpe la vue sur la mer est époustouflante. En chemin, on croise les ruines d’une forteresse turque qui témoigne de la domination ottomane de 1669 à 1897. On est en mai et il fait 32 degrés. On en profite pour plonger sur la plage de Marmara. Bien rafraichis on ira ensuite festoyer au village de Loutro, le petit St-Tropez du littoral et déguster l’agneau traditionnel braisé dans un four à bois.
Première ascension dans les gorges d’Aradena
Le dénivelé est d’environ 600 mètres et la montée s’étend sur 8 km. Nous entamons la marche dans le lit de la rivière bordé de majestueuses parois de calcaire de 150 mètres de haut. J’avance en humant ça et là les effluves de menthe et de thym. Malgré l’omniprésence de la roche, la diversité végétale est étonnante. Lauriers en fleurs, gattiliers, genévriers, cyprès, pins de Calabre, platanes et pins élancés nous attendent à chaque détour. De toute beauté!
Au loin du défilé se dresse le fameux pont suspendu à 187 mètres de hauteur, bâtit en 1986 pour relier les villages perchés d’Aradena et Anapolis. Nous prenons le chemin muletier et vertigineux qu’empruntaient jadis les villageois pour aller de l’un à l’autre vendre leur miel, huile d’olive, fromage. Après 4 heures de montée, la découverte d’oliviers tricentenaires et des ruines du village abandonné d’Aradena baignés par le soleil offre un tableau unique et impressionniste sur ces chemins ancestraux sillonnés par les crétois, de la mer aux montagnes. Une fois arrivés à la bergerie d’Agios Ioanis, à 950 mètres du niveau de la mer, on admire ébaubis le Mont Pachnès à 2453 m. et le Mont Zeranokefala, à 2100 m. que nous escaladerons le lendemain.
3 jours en bergerie L’ascension de Zeranokefala n’est pas de tout repos. Le sentier à peine tracé et garni de gros cailloux demande agilité et concentration. Le temps est gris mais on profitera du panorama grandiose. On ressent la progression du trek en altitude et d’une certaine façon la vie nomadique des bergers crétois. C’est ce que je me dis en reprenant mon souffle. C’est que du souffle il en faut pour la montée et la descente qui est plutôt sportive, car c’est glissant.
On nous attend au retour avec une moussaka et des kaltsounias, chaussons fourrés de fromage mizythra au lait de chèvre (le feta crétois!). Un régal. Et, surprise, après le souper, deux musiciens nous entraînent sur les rythmes de chants typiques de la région. On se retire la panse pleine et le coeur léger pour s’endormir au son des clochettes des 150 chèvres de la bergerie!
Le jour suivant sera plus reposant pour nos pieds avec une balade paisible à travers une splendide forêt de pins. Une pause bien méritée pour recharger nos batteries et attaquer le 8e jour de randonnée. Nous quittons à l’aube la bergerie. Le mercure atteint 35 degrés alors que nous nous enfonçons dans le sous-bois vers le village d’Agia Roumeli, bâti sur la mer à l’embouchure des gorges de Samaria.
Le Parc National de Samaria
Le grand jour! Une ascension majestueuse dont l’arrivée au sommet restera gravée dans ma mémoire avec fierté. 1250 m. de dénivelé dans un canyon de 16 km de long. Après avoir franchi les « portes de fer », le passage le plus étroit, on s’enfonce sur un chemin rocailleux où alternent des clairières de galets bordées d’immenses parois et des sentiers enlacés de pins parasols. L’odeur de menthe et de thym nous titille les narines.
La montée prend environ 8 heures, avec des pauses. On marche, on avance, on grimpe, on contourne les obstacles – rochers, branches – en silence et bien concentrés. Mes yeux scannent tour à tour le sol et les cimes des falaises en quête d’apercevoir un kri-kri, la chèvre sauvage et endémique de Crète. Je fini par en apercevoir un à des mètres de hauteur. Quelle vie! me dis-je en poursuivant mon élan jusqu’à notre arrêt au poste de garde Agios Nikolaos pour nous ravitailler. S’y trouve une petite chapelle sous des cyprès qui ont plus de 2000 ans! On arrive enfin vers 16h à la dernière portion, un escalier escarpé de 200 marches. Mes jambes réchauffées commencent à être vraiment molles et mon cœur guette la dernière marche à chaque enjambée! J’atteins enfin l’entrée du parc au sommet et j’ai l’impression de sortir par un goulot d’une gueule béante. Je donne un dernier coup pour rejoindre le groupe à l’unique brasserie au sommet. On savoure notre bière en jouissant de la vue hors du commun sur les sommets rocheux du canyon couverts de conifères et le Mont Gigolos que nous escaladerons le lendemain.
Les crétois disaient que le trône de Zeus était au sommet de Gigolos. Cette randonnée est certainement la plus ardue du voyage. Mais nous nous rendons dans les nuages à 1980 m. d’altitude. Au retour, vue d’en bas, on ne voit pas par où on est passé. C’est une journée de l’inaccessible devenue accessible. Je dormirai comme une souche jusqu’au petit matin qui m’attend avec une belle surprise : la visite d’une cave de production de Gravièra (sorte de gruyère crétois) sur le plateau d’Omalos!
Fin de l’aventure
Cette 10e journée est légère. Nous descendons la gorge boisée et fleurie d’Agia Irina qui nous offre une fois de plus des paysages sublimes. La descente est aisée mais nous ferons quelques grands écarts pour aboutir en fin pm, après 25 km de marche, au village de Sougia sur la mer.
Le lendemain, nous marchons l’aller-retour (3 heures) vers l’ancienne cité romaine de Lissos. Ce sont les derniers pas du trek que nous ferons ensemble. On ressort les cartes en soirée et restons ébahis de tout le chemin parcouru. L’émotion, un mélange de joie, de fierté et de nostalgie est palpable. Il faut dire qu’un sentiment de solidarité très fort a soudé les voyageurs lors de cette belle aventure!
Quand y aller : de mai à fin octobre alors que la température moyenne est de 30 degrés. À savoir : Le Parc National de Samaria est ouvert du 1er mai au 15 octobre.
D’une durée de 10 jours, cet itinéraire de trek Mer, montagne, histoire et gastronomie est offert par Les Karavaniers au printemps et à l’automne, avec nuitées en auberge et un maximum de 10 participants. Classé par l’agence « niveau 2 », soit effort modéré, les randonnées sont de 4 à 7h par jour avec la possibilité de faire deux ascensions d’environ 900m de dénivelé chacune et, au besoin, de prendre une pause d’une journée, puisqu’on dort toujours 2 nuits consécutives au même endroit. Pas besoin d’être un athlète aguerri mais une bonne forme physique est essentielle. Pour un premier voyage de longue randonnée, c’est un excellent choix
Bien s’équiper :
Chaussures: Bien que les sentiers des gorges de Samaria sont bien entretenus, à plusieurs endroits, dans d’autres gorges ou en montagne, de gros cailloux parsèment les sentiers. Il est essentiel d’avoir des bottes de marche (imperméables) pour bien tenir la cheville.
Sac de jour : L’agence s’occupe du transport des bagages mais il faut un sac à dos de jour d’au moins 30 litres (pour transporter eau, lunch, serviette de plage (1), chandail chaud, coupe-vent pour les hauteurs, etc.). Avec les chaussures, c’est l’accessoire primordial et il faut bien le choisir. Il est préférable d’opter pour un modèle pour femme – ou homme et non unisexe, car la configuration du bassin, des hanches et des épaules différent bien entendu. De plus, tous n’ont pas la même taille de dos. Une fois celle-ci déterminée, le sac doit épouser parfaitement dos et épaules et le système filet dos tendu ne peut convenir à tout le monde. Il faut essayer plusieurs modèles chargés avant de trouver celui qui s’adapte le mieux à votre morphologie, le but étant de faire oublier sa présence le plus possible ! J’avais le sac Mistral (2) adapté à l’anatomie féminine, avec des coussinets larges aux hanches et le dos tendu.
Pour en savoir plus :
Le site des gorges de Samaria : www.samaria.gr
Le Guide du Routard Crète 2018/19 est très complet avec une mine d’informations pratiques.
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