Journal de Montréal, 28 juillet 2018
Qu’elle est différente des Cyclades, avec ses massifs et ses gorges spectaculaires, ses criques aux plages paradisiaques et ses falaises plongeant dans la mer. Avec ce profil unique, la plus grande des îles grecques offre le meilleur des deux mondes aux vacanciers et aux amateurs de plein air. Entre sandales de plage et chaussures de randonnée, voici six bonnes raisons et quelques pistes à ne pas manquer si vous la foulez!
1. Un petit air d’Orient et d’Italie. Chaniá (La Canée en français) vaut la peine de s’y attarder pour marcher sur les quais de son port vénitien. On s’arrête à une terrasse animée pour admirer les jolies façades colorées et le phare égyptien en dégustant un poulpe grillé ou des dakos, des biscottes d’orge séchée trempées dans l’huile d’olive et garnies de tomates et origan.
2. Lézarder sur une plage au sable rose. La côte ouest est longée de plages paradisiaques. On se dépose, ébahi, sur celle de Balos ou encore d’Elafonissi. Un arrêt s’impose sur la plage Falassarna, avec son sable fin, parfois mélangé de corail rose. On s’y rend en descendant sur une route en lacet au panorama plutôt impressionnant.
3. Un petit air des Cyclades Les maisons blanches aux volets bleus de la station balnéaire de Loutro lui donne un charme qui n’est plus un secret pour beaucoup de touristes! Ce village pittoresque mérite un arrêt, ne serait-ce que pour goûter à l’agneau braisé traditionnel de la Taverne Stratis sur sa terrasse entre la mer et le plateau d’Anapoli, royaume du thym et des abeilles.
4. Criques sauvages et plages idylliques Le littoral au sud offre de belles possibilités de randonnée. Entre Sfakia et Loutro, on se rafraichit à la plage de Sweet Water. Blottie à flanc de falaise, son cadre est spectaculaire. Plus à l’ouest, la plage de Marmara à la sortie des gorges d’Aradéna, est l’endroit idéal pour se baigner et avaler un verre de raki à sa Taverna après les avoir descendues. Yamas! (santé!)
5. Légendes de la mythologie grecque sur l’île des Dieux L’île est non seulement connue pour avoir été le lieu de naissance de Zeus, mais aussi pour avoir été le théâtre de l’histoire du fil d’Ariane. Le roi Minos, fils de Zeus, aurait condamné le peuple athénien à lui offrir chaque année sept garçons et sept filles afin de nourrir le fameux Minotaure, créature mi-homme mi-taureau, enfermé dans le labyrinthe du palais de Knossos. Grâce au fil déroulé par Ariane, fille de Minos, le héros Thésée put tuer le Minotaure et sortir du labyrinthe. Dédale, grand inventeur et architecte du labyrinthe, fut alors enfermé à son tour avec son fils Icare. Dédale entreprit de lui fabriquer des ailes en cire pour s’échapper. Mais Icare s’approcha si près du Soleil que ses ailes fondirent ! Le labyrinthe de Knossos, situé au centre de l’île, est aujourd’hui ouvert aux touristes et est un véritable must à visiter.
6. Déguster les fromages typiques crétois Au lait de chèvre ou de brebis, on se régale de Gravièra (sorte de gruyère) et de Myzithra, le féta crétois présent dans la salade quotidienne de tomates, oignons et concombre. On ne s’en lasse pas! On goûte aussi aux kaltsounias, chaussons fourrés de fromage, à la délicieuse moussaka, à l’agneau braisé garni de gravièra, aux tomates facies accompagnées de yogourt et etc.
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RANDONNÉE ENTRE KRI-KRIS ET OLIVIERS
La Crète est dominée par trois chaînes de montagnes, dont le massif du mont Psiloritis, au centre et celui du Mont Dikti à l’est et abritent 3000 grottes et plus de 400 gorges. Les plus fréquentées se trouvent dans la partie ouest de l’île, dominée par les Lefká Óri (les Montagnes Blanches) dans le district régional de Chaniá (La Canée en français).
Sa capitale du même nom, Chaniá, est souvent le point de départ pour tout randonneur qui s’aventure dans les gorges de cette région, dont celles de Samaria, les plus célèbres.
Pour y accéder, on prend la route jusqu’au fameux plateau d’Omalos, à 36km au sud-ouest de Chaniá. Bordée de pins, de platanes, de chênes et d’anciennes vignes en terrasses, la route est l’une des plus jolies de l’île. La vue, une fois sur le plateau couvert d’oliviers, de buissons où paissent tranquillement chèvres et moutons, avec en toile de fond les imposantes Montagnes Blanches – dont le Mont Pachnès à 2 453 mètres d’altitude – est tout aussi spectaculaire. De là-haut, on a accès à l’entrée du Parc National de Samaria, à 1250 m. Un escalier de pierres en pente raide, avec un parapet en bois, ouvre la voie pour les deux premiers km de la descente du canyon de 16 km de long qui comporte quatre sections d’environ en moyenne 3,5 km chacune. La première est la plus escarpée!
Toujours en descendant, on s’enfonce ensuite sur un chemin rocailleux bordé de pics rocheux et d’immenses falaises de calcaire en découvrant un paysage à la fois minéral et végétal. À l’ombre au début, ce qui permet de supporter la chaleur, la descente prend environ 6-7 heures – avec des pauses – et elle est dure pour les genoux. Vaut mieux avoir de bonnes chaussures, voir des bottes de marche, chapeau et crème solaire et boire beaucoup d’eau! Après 11 km on atteint enfin les « portes de fer », la partie la plus étroite – et la plus photographiée ! – puis la gorge s’élargi de plus en plus jusqu’à sa sortie. Mais ce n’est pas fini! Encore quelques kilomètres pour enfin aboutir au village d’Agia Roumeli au bord de la mer de Lybie qui s’étend dans sa splendide bleuité (ou : qui s’étend dans toute sa splendeur d’un bleu envoûtant). De là on prend le bateau- après une bonne saucette rafraichissante- jusqu’au port de Chóra Sfakion et on reprend le bus jusqu’à Chaniá.
On peut aussi faire l’inverse et en profiter pour faire l’ascension des autres gorges des environs sur un circuit de plusieurs jours. C’est ce que j’ai fait avec un groupe de randonneurs, en me pointant de bon matin au port de Sfakia qui dessert Loutro, Finikas, Agia Rouméli, Sougia et Paléochora, des villages du littoral non desservis par les routes et cernés par les gorges qui s’ouvrent sur la mer comme des bouches béantes. Nos valises sont parties sur un bateau vers notre première escale, Loutro, et nous avons pris le sentier en bord de mer, avec un sac de jour, pour le rejoindre. Même scénario pour les jours suivants, ce qui nous a permis de serpenter entre le littoral et les hauts plateaux, descendre ou remonter les gorges dont celles entre autres de Samaria et d’Aradena. Nous avons dormi en auberges sur les plateaux ou en bord de mer et nous nous sommes régalés de repas aux succulentes spécialités de l’île. Les crétois sont des hôtes chaleureux et plein humour et ne manquent pas de nous dire à quel point on est un peu fous de marcher comme ça! Siga Siga, ils vous diront sans arrêt, une expression grecque qui veut dire doucement doucement, un pas à la fois!
Paysage, faune et flore grandioses. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont les plus célèbres de l’île, les gorges de Samaria. Ses parois rocheuses peuvent atteindre 600 mètres de hauteur. Mais le plus étonnant est qu’il y croît pins parasols, platanes, cyprès, lauriers roses et des plantes aromatiques comme le thym et la menthe.
Coup de cœur pour la gorge au pont vertigineux
Une fois grimpé le dernier sentier escarpé du canyon des gorges d’Aradéna, qui s’étire sur environ 5 km depuis la plage de Marmara, c’est une réelle récompense qui nous attend sur le plateau. Oliviers tricentenaires et anciennes terres cultivées en céréales s’étendent baignés par le soleil et le bourdonnement de milliers d’abeilles : un beau tableau! En route, on a pu aussi admirer le pont suspendu à 138 mètres de hauteur reliant l’ancien village d’Aradéna à celui d’Annapolis depuis 1986. Impressionnant!
Un plateau couvert d’oliviers Sur le plateau d’Omalos, chèvres et moutons vivent paisiblement parmi les vieux oliviers, cernés d’imposantes montagnes. Le mont Pachnès est particulièrement imposant du haut de ses 2453 m d’altitude. Le village d’Omalos, perché à 1080 m, est le point de départ ou d’arrivée pour accéder aux gorges de Samaria.
Croiser un kri-kri ou mille chèvres domestiques La chèvre sauvage de Crète, le kri-kri, règne dans les montagnes Blanches depuis les temps préhistoriques. L’île en compterait environ 2000 et la plupart vivent dans le Parc national de Samaria. En marchant, on fait attention aux chutes de pierres, car les kri-kris déambulent en hauteur le long des parois. Bienheureux ceux qui ont la chance d’en voir un de près ! Les chèvres domestiques, par contre, sont nombreuses sur les plateaux, et peut-être plus faciles d’approche !
INFOS PRATIQUES :
S’y rendre : Vols Montréal/Athènes, puis Athènes/Chaniá ou Héraklion. En ferry (tous les jours depuis Le Pirée [Athènes] vers La Canée, Réthymnon, Héraklion et Agios Nikolaos), on compte de 7 à 9 heures.
Saison : de mai à fin octobre alors que la température moyenne est de 30 degrés. À savoir : Le Parc national de Samaria est ouvert du 1er mai au 15 octobre.
Se déplacer sur l’île : en voiture ou en bus, qui sont nombreux et desservent la plupart des villes et villages.
Y faire un trekking
L’agence Karavaniers offre 10 jours de trek dans le sud-ouest de la Crête au printemps et à l’automne. En savoir plus : karavaniers.com
À rapporter : huile d’olive (et cosmétiques à base d’huile), herbes (thé des montagnes, dictame crétois, origan, sauge, thym), miel, raki ! Et pourquoi pas un morceau de broderie traditionnelle ou un couteau, symbole de bravoure pour les Crétois ?
Guide et romans
Guide du Routard Crète 2018/2019 (très complet et une mine d’informations)
L’Île des oubliés de Victoria Hislop. Une saga familiale autour de l’île de Spinalonga, ancienne léproserie abandonnée depuis des décennies dans l’est de l’île, et qui nous fait découvrir au fil des pages les mœurs de la société crétoise.
Alexis Zorba de Nikos Kazantzakis. Le roman philosophique qui nous plonge dans la Crête des années 1960, qui inspira le film Zorba le Grec.
Cartoville Crète, chez Gallimard est très pratique pour ses cartes.
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