On ne peut qu’être séduit par la deuxième ville de la plus grande des îles grecques. Cité prolifique à l’époque minoenne, occupée par les Byzantins, Vénitiens et Ottomans avant d’être rattachée à la Grèce en 1913, La Canée (Chaniá en crétois) arbore dans tous ses recoins les traces de son passé. Des quais de son port vénitien, à ses ruelles piétonnes aux balcons fleuris, en passant par ses nombreux kafenío d’où émanent les effluves de café mélangées à celles du thym et de l’origan qui embaument la région, l’ancienne capitale de l’île des Dieux stimulent tous les sens.
Pour admirer ses façades colorées : le port vénitien On la découvre en commençant par déambuler de la forteresse de Firkas qui surplombe le port jusqu’à l’ancien Arsenal vénitien. On croise au passage une enfilade de terrasses, la mosquée turque des Janissaires et le joli port de plaisance et ses hangars où l’on construisaient les galères vénitiennes. À l’extrémité du quai, Les docks de Néori Moro, transformés en musée d’architecture maritime traditionnelle abrite le Minoa la réplique d’un navire minoen (1500 av. J-C) de 18m de long. De là, on marche jusqu’au phare érigé par les Égyptiens, au bout de la jetée. C’est le meilleur endroit pour avoir une vue d’ensemble sur les bâtiments aux teintes de rose, ocre, rouge, bleu, avec en toile de fond les cimes des Montagnes Blanches (Lekfa Ori)! Pour goûter aux spécialités crétoises : la Tavern Strata
Une originalité de Chaniá est d’avoir des restaurants dans des ruines. Dans une ruelle pittoresque derrière le port, la terrasse de cette taverne familiale est bordée par les vestiges du mur des fortifications de la ville, construit au 7e siècle par les byzantins puis modifié par les vénitiens au 16e. Oubliez, ici, la salade grecque version féta. En Crète, elle est garnie de savoureux mizythra au lait de chèvre. On dégustera aussi les mezze et autres spécialités de l’île, comme les dakos, biscottes d’orge trempées dans l’huile d’olive et garnies de tomates et d’origan, des escargots, l’agneau Kleftiko, cuit lentement en papillote ou farci au gravièra (sorte de gruyère). Et on fini le repas par un verre de tsikoudia, le raki crétois! Yamas! (santé) 54 Portou, Old Venetian Harbor
Pour s’imprégner d’odeurs et vivre au rythme de la ville : le Marché couvert Habitants et touristes s’y pressent pour faire le plein de provisions aux étals de viandes, poissons, fromages, herbes ou épices. Dans ce paradis pour épicuriens érigé en 1913 sur le modèle du marché de Marseille, les mille senteurs de la Crète nous ensorcèlent. En vrac ou en sachet, on se procure origan, thym, sauge, basilic, menthe, dictame crétois (thé des montagnes) omniprésents dans la région. On n’oublie pas le miel au thym et surtout « l’or vert », l’huile d’olive extra-vierge réputée dans le monde entier et qui serait à la base du fameux « régime crétois ». On dit d’ailleurs des crétois qu’ils sont les plus grands consommateurs au monde et plus de 35 millions d’oliviers sont cultivés sur l’île!
Pour toucher à ce qu’il se fait de plus beau : faire du shopping
Du à sa position stratégique dans la Méditerranée, Chaniá a souvent été, au fil des siècles, une importante métropole commerciale. Certaines ruelles évoquent encore les souks d’Orient, comme Skridlof, la rue du cuir et ses échoppes débordant d’accessoires, de stivania, longues bottes crétoises traditionnelles et de sandales. On en dénichera ici de très jolies mais pour un style dernier cri, on arpente les rues commerçantes environnantes. Elles foisonnent de boutiques originales comme Sugah Fullah, qui ravie les fashionistas, d’enseignes de créateurs comme celle de Georgina Skalidi ou celles d’artisans de poterie traditionnelle. Un souvenir typique? Un couteau crétois! Arme d’honneur et symbole de bravoure, sa fabrication, d’abord par les turcs puis par les crétois est un art. Dans la rue Sifakas, on trouve de nombreux artisans qui le fabriquent traditionnellement à la main.
Pour entendre le bruit des vagues sur une plage de rêve Baignée au nord par la mer Egée et au sud par la mer de Libye, la côte ouest de l’île est entourée de plages magnifiques dont Elafonissi, Falassarna et le lagon de Balos, avec ses airs de lagon polynésien sur la presqu’île de Gramvoussa. Il y vente toujours un peu en été grâce au Meltem, le vent dominant sur la côte. Ce qui permet de supporter la chaleur estivale! Les sportifs iront écouter le silence minéral des célèbres gorges du Parc National de Samaria dont l’entrée se trouve à 36km au sud-ouest depuis Chaniá. Quant aux amateurs d’histoire, ils choisiront celui des monastères de la péninsule d’Akrotiri dont celui d’Agia Triada qui abrite des icônes des 15e et 17e siècles. Seul le son des cloches des chèvres pâturant dans les collines viendra perturber le silence des lieux entourés de cyprès et d’oliviers.
Pour tout connaître de son passé minoen : le Musée archéologique La ville de Chaniá est construite sur les ruines de la cité minoenne (du nom du roi mythologique Minos de Knossos) de Kydonia habitée depuis l’ère néolithique et citée par Homère comme étant une cité-état importante de la Grèce classique. Le Musée, une ancienne basilique datant du XIVe siècle abrite des collections qui proviennent de fouilles effectuées dans les environs et datant du néolithique à la période minoenne, dorienne ou romaine. Entre mosaïques romaines, terres cuites, sarcophages minoens s’y trouve aussi deux bustes en marbre de l’empereur Hadrien et dans la superbe cours intérieure, une fontaine ottomane. Et le lieu est de toute beauté.
Chalidon, 28
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