TOURISME CANTONS DE L’EST – Portrait Artisan – Le point visible
Formes géométriques, couleurs franches, récupération écoresponsable, Marilyn B. Armand redonne fière allure à ce savoir-faire patrimonial. Les créations, dessus de lit, jetés, doudous, sous-plats, qui sortent de son atelier et entreprise Le point visible, à Bedford, sont aussi réconfortantes que réjouissantes pour l’œil.
Élevée par ses tantes et sa grand-mère qui l’initient aux rudiments de la couture, la future artiste courtepointière a grandi avec le désir de fonder un jour sa propre entreprise de création textile. Mais sous quel forme, quel médium? C’est en quittant le plateau Mont-Royal il y a 5 ans, après une maîtrise en relations internationales et un travail en gestion d’entreprises, pour s’installer à Dunham, que le déclic se fait… de fil en aiguille.
À la recherche d’un cadeau à concocter pour un nouveau-né, elle tombe sur un doudou en courtepointe à faire soi-même sur Internet. Ça tombe bien ! Celle qui est fan de DIY et a tout essayé des arts textiles dans ses passe-temps (tissage, macramé) voit aussitôt sa créativité stimulée. Suivra la rencontre avec France Verrier du Cercle des fermières de Cowansville, une courtepointière chevronnée qui deviendra son mentor et lui enseigne les techniques de base. Ça y est, elle a trouvé son médium. Après des mois d’apprentissage, elle installe son atelier dans l’un des locaux de Bedford Lofts, une ancienne usine de fabrication d’aiguilles… de machines à tricoter!
Les murs y sont jonchés de rouleaux de tissus colorés, de bourre, corduroy, velours, laine. 95% de ces matériaux sont neufs. Concernée par l’immense gaspillage dans l’industrie du textile, elle récupère des retailles auprès de designers de vêtements ou des fins d’inventaire. « Il reste parfois des rouleaux de 4-5 mètres qui ne serviront jamais. C’est un non sens. Donner une deuxième vie à ces bouts de tissus voués au rebut est le motus operandi qui donne tout son sens à mon entreprise. » En pratiquant le surcyclage, qui consiste, dans son cas, à améliorer la durabilité du tissu, grâce aux coutures et aux surpiqûres, ses courtepointes peuvent durer plusieurs décennies.
Chaque pièce, qui peut prendre jusqu’à 25 heures à fabriquer est unique et raconte une histoire. Elle puise son inspiration dans l’architecture et la nature environnante qui la rend plus contemplative : « Je n’ai qu’à mettre le bout du nez dehors pour nourrir mes poules et admirer les champs et je suis inspirée ! ». L’un de ses modèles évoque une soirée en canot-camping : « l’eau était miroir. On pouvait y voir la lune claire et des étoiles. Un calme régnait au fin fond de nulle part. » Les formes simples, les lignes épurées, les jeux de perspectives naissent ainsi dans son imaginaire. Parfois s’y mêlent des bribes d’histoires issues d’une photo, une illustration remise par un client comme point de départ pour une création sur mesure. Il en résulte des compositions minimalistes qui donnent juste l’envie de les suspendre au mur!
Soucieuse de faire perdurer et propager ce savoir-faire légué par plusieurs générations de femmes, elle offre aussi sur son site des kits à faire soi même. Et très bientôt, un outil permettra de précommander sa création en choisissant les couleurs, les formes, la matière à partir de 12 modèles de base.
Pour plus d’infos : lepointvisible.com
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